Il était perdu, clairement. Des heures qu’il errait dans ce labyrinthe végétal, tournant toujours à gauche comme on lui avait appris. Mais il ne parvenait pas à trouver la sortie. Il était même persuadé d’avoir rencontré au moins quatre fois le même arbre avec le nid de coucou.

Pour une fois qu’il avait eut le droit de sortir de la prison qui lui servait de chez lui, voilà qu’il se perdait. A ce rythme il ne serait jamais rentré pour le couvre feu. Et il pouvait donc dire adieu à ses sorties pour les trois prochains mois. Non mais quelle idée il avait eu de suivre ce lapin blanc. Tout ça parce qu’il lui rappelait le sien, qui s’était éteint il y a tout juste deux semaines. Un lapin sauvage n’avait rien à voir avec sa boule de poils qui le collait nuit et jour et qui l’avait aidé à chaque moment de sa vie.  

Mais cela avait été plus fort que lui. Il s’était mis à suivre l’animal, se demandant s’il avait un propriétaire, ce qu’il faisait ici tout seul. Avant de voir disparaître dans une sorte de gros terrier. Bien trop gros pour un lapin. Peut-être une cabane secrète d’un enfant, il avait toujours rêvé d’avoir ce genre d’endroit. Sa maison rien qu’à lui où il n’y aurait aucune règle et aucune obligation. Alors il y était entré. Et il s’était retrouvé dans ce fouillis végétal. A marcher encore et encore. Plus aucune trace de lapin. Plus de chemin. Pas même de soleil qui déclinait à l’horizon pour lui annoncer que le temps était écoulé et qu’ils allaient tous se mettre à sa recherche.

Même à seize ans il avait beaucoup plus d’obligation que de droits. Il était fils d’une famille richissime qui travaillait dans la publicité et c’était donc tout naturellement que son visage s’étalait en grand sur tous les panneaux de la ville que son père possédait. Pour une écharpe, un parfum, une paire de chaussures…

Il passait donc son temps entre sa maison et les shootings photo. Se devant d’être toujours disponible pour les photographes et les lubies de son père. Pourtant ici il ne semblait pas y avoir de panneaux, de publicité. En même temps il était au beau milieu d’une forêt.

Fatigué, il finit par s’asseoir, retirant ses chaussures, des baskets spike dernier cri qu’on lui avait offert pour la promotion et se massa les pieds.

- Bon. Je peux dire adieu a mes sorties.